Au bout du tunnel...XI

Publié le par Cycé

Quelques minutes plus tard, Pierre et Séverine arrivèrent à la maison. Sitôt arrivée, la petite fille sauta sur les genoux de ses grands-parents. La fillette ne put attendre qu’on lui pose des questions, elle raconta tout et même plus. Elle ne s’aperçut même pas que sa mère et son père s’étaient levés pour aller préparer le repas. Quand ils revinrent leurs annoncer que l’on pouvait passer à table, Séverine et ses grands-parents étaient surpris sur le temps passé.

Marc et Marie arrivèrent pour le café. Ils discutèrent avec Monsieur et Madame Stevens en attendant que la petite fille aille se coucher. Séverine baillait et faisait tout son possible pour garder les yeux ouverts. Sa maman lui dit qu’il était plus que l’heure d’aller se coucher. Pierre la prit dans ses bras et…à peine avait-elle poser la tête sur l’épaule de son papa qu’elle s’endormit. Elle n’eut pas le temps de donner un baiser à qui que se soit.
Bien plus tard, alors que la petite fille dormait depuis longtemps déjà. Nathalie raconta la discussion eue avec sa sœur. La jeune femme parla aussi de ses sentiments partagés, de son envie d’aider sa nièce, sa volonté de renouer avec sa jumelle. Elle parla de son intuition qui lui disait qu’une catastrophe était en train d’arriver. Nath avait l’impression d’être face à un puzzle ou il manquait des pièces, les plus importantes. Tout cela la perturbait. Nathalie n’était pas à l’aise face à toute cette histoire. Elle parla aussi de l’amour qu’elle portait à sa nièce. Un amour qu’elle pouvait comparer, à présent. C’était un amour de maman, le même qu’elle portait à Séverine.
- Voilà ! Vous savez tout. Je n’ai aucun remord sur ce que j’ai dit à Célia. Ni sur le contenu, ni sur la manière. Il était temps qu’elle sache ce que j’ai vécu. Il était temps qu’elle sache, oui, qu’elle sache qu’il n’y a pas eu que des larmes avec mon départ. Il fallait que je lui dise. Il est vrai que j’ai peur. Je considère Évelyne comme ma fille, encore maintenant. Je crois que, l’avoir vue ainsi…défiant sa mère…l’appeler par son prénom et la traiter de…midinette…les enfants souffrent de leurs situations….Evy à eu un regard pour moi, mon Dieu ! Je n’y ai vu que de l’amour et…de l’incompréhension. Si je me suis trompée à ce propos, dites-le moi maintenant ! Par pitié. Je sais que je ne le ferais jamais mais je n’ai qu’une envie…je les enlèverais tout les 3 à Célia. Pas par vengeance mais par amour. Voilà ce que me disent mes tripes et mon cœur.
- Écoute, ma chérie, si tu ne peux pas endosser le rôle de tante…retire-toi. Madame Stevens espérait la voir partager son opinion. Marie intervint.
- Nath, c’est normal que tu ne puisses pas intégrer ce rôle…tu n’es pas sa tante…dans ton cœur, et cela depuis le premier jour, tu es sa mère. Tu as eu du mal à devenir sa mère, puis tu l’es devenue. C’est normal. Mais si tu veux l’aider, il va falloir que tu le fasses. Il faut remettre les pendules à l’heure pour ta nièce. Ça va être difficile. Es-tu prête à l’aider. Ce n’est pas une question. Non. Je vais te dire ce que je pense. Tu es encore trop fragile pour pouvoir affronter tout ça. Pour toi, ta santé mentale, arrête tout. Ou, au moins, attends d’avoir mis au monde ce bébé. Je serai toujours là pour toi. Repose toi.
- Je ne peux pas ! J’aime trop cette enfant pour la laissée…c’est impossible !
- Je maudit le jour ou ta sœur est arrivée la bouche en cœur. S’exclama Pierre, presque sans le vouloir. Je suis désolé, Nath mais je ne peux pas faire à moins de penser que nous étions très bien sans elle. Tu es fragile. Tu es à peine remise et la revoilà. La seule différence c’est que maintenant je sais pourquoi tu était dans cet état. Que va-t-il se passer, maintenant ? Quand ce bébé arrivera, tu feras comment ? Comme pour Séverine ? Je devrais recommencer à penser à la manière de le protéger ?  Nath ! Je ne veux pas revenir à ce moment-là. Non ! Je ne veux pas réfléchir à la manière de te piéger ! Je veux passer mon temps à regarder notre enfant, à le dorloter et non à le protéger de sa mère. C’est ce qui s’est passé pour Séverine pendant 5 long mois. Ça va donner quoi avec celui-ci ? Nous étions heureux et maintenant ça recommence.
- Pierre je comprends mais peux-tu sincèrement penser que j’étais heureuse ? Tu ne savais pas pourquoi. Maintenant tu sais. Je peux en parler avec vous. Je crois qu’il y a des améliorations. Je pense que si j’étais si loin c’est que je devais me taire. Devoir ou vouloir. Pourquoi ? Je ne sais pas. Je ne voulais peut-être pas voir de la pitié. Ho ! Je ne sais pas. Mais maintenant, je vais bien de ce coté-là. Es-tu d’accord avec ça ?
- Peut-être. Je te crois mais… Pierre fut interrompu par son père.
- Mon fils, ton épouse a raison. Elle peut parler librement de ce qu’elle ressent. C’est ce qui change la donne. J’y crois fermement. Il faut qu’elle s’exprime.
- Oui….même si je ne sais plus quoi penser de Célia. Je ne sais plus si cela peut être positif….je ne sais pas si, à l’heure actuelle, c’est positif pour ma famille. J’ai peur.
- Je te comprends fils. Mais justement, tu ne sais plus, alors laisse faire le temps. En regardant sa belle-fille il ajouta, toi aussi petite. Laisse faire le temps. Je crois que c’est votre meilleur allié. Peut-être que laisser du temps au temps est la solution. Pas facile mais…mouais ! Pas facile, je vous l’accorde. Nathalie, prends le temps de te reposer. De t’éloigner quand c’est trop lourd. Parlez-vous tout les deux. Confiez-vous l’un à l’autre. Surtout ne pas avoir peur de parler !

Après un moment de silence, Nathalie s’exclama gaiement « Et si nous parlions d’autre chose ! Elle ne va pas nous gâcher la soirée en plus de gâcher tout le reste ! Allez ! J’ai quelque chose à vous annoncer ! Je crois que monsieur mon mari va avoir une crise cardiaque ! » À voir le regard étonné de Pierre, Nathalie éclata de rire. Elle poursuivit.
- Écoutez, c’est à son sujet dit elle en se caressant le ventre déjà bien proéminant 
- Mais…tout va bien ? Demanda Madame Stevens
- Ma chérie ! Crois-tu que c’est avec un sourire pareil qu’elle nous annoncerait une catastrophe ! Voyons ! Réprimanda son époux en souriant de toute ces dents.
Tous sourirent en voyant la vielle dame devenir rouge pivoine. Ils devinrent tous impatients. Si bien que la jeune femme leva les mains pour rétablir un peu de silence.
- Voilà ! J’ai fait une échographie et…
- Bon sang ! Mais oui ! J’ai complètement oublié ! Mais pourquoi ne me l’as-tu pas dit ?! S’exclama Pierre abasourdit par son oubli.
- Hé ! Mais vous allez la laisser parler ! Intervint Marc.
- Pour pouvoir te le dire maintenant ! Et te dire aussi ce que tu as raté ! Répondit Nathalie. Pour pouvoir partager mon hilarité avec mes amis et mes beaux-parents quand je vous aurais dit ce qui t’attend.
- Bon. C’est que tout va bien, hein ?
- Oui mon chéri, tout va très bien. Veux-tu savoir le sexe ? Demanda la jeune maman
- heu…oui.
- Fille !
- ho ! Fit Pierre, avec une petite pointe de déception. Puis il laissa éclater sa joie. Son épouse leva la main et ajouta ;
- attends ! C’est…fille mais c’est sûr à 85% et sûr à 70%.
- tu vas bien ma chérie ? Oui je te demande ça parce que tu t’exprime d’une manière assez…comment dire…étrange !
- je m’exprime parfaitement et je répète ce que l’échographe  m’a dit !
Marc regarda son amie, ébahi. Il venait de comprendre ! Il ne put se taire.
- Tu es…tu as…2 bébés ! Tu a…attends des jumeaux !
- tu attends des jumelles !!! S’écria Marie. Le couple fit éclater sa joie. Nathalie leur fit signe de regarder Pierre « il fait le poisson ! » Ouvrir, fermer la bouche à plusieurs reprises. Ce qui fit rire toutes les personnes présentes. La soirée continua dans la joie, la bonne humeur, les bulles de champagne et les rires.
Bien plus tard, alors que Nathalie s’apprêta à se coucher, ses pensées n’étaient pas aussi gaies que l’on aurait pu croire. « Mon Dieu ! Évelyne ! Comment l’aider ? Ses frères aussi ont besoin de moi. Mais je ne comprends Célia. Elle dit avoir besoin de moi, de mon aide et pourtant…elle ne fait rien dans ce sens-là. J’ai un mari qui a une trouille pas possible de me retrouver sur le toit, endormie avec le bébé dans les bras. Il a vraiment vécu ça et…je comprends. ». La jeune femme regarda son mari. Elle remonta les couvertures jusqu’aux épaules de son époux qui dormait. « Il dort déjà. Il est si inquiet pour nous. Ai-je le droit de faire ça ? Zut ! Il faut que je dorme. Ma famille est en danger ? Vraiment ? »

Le lendemain matin, Pierre et Nathalie peaufinèrent le programme de la journée. Quand monsieur et madame Stevens vinrent les rejoindre, ils leur soumirent le programme. Ils décidèrent  d’aller tous ensemble voir l’exposition des « nouveaux créateurs », après le resto, ils avaient décidé de faire les boutiques. Mais avant, Nathalie devait prévenir sa secrétaire qu’il était possible de la joindre sur son portable pour les urgences. Au moment de raccrocher, la secrétaire se souvint d’un appel et en fit part à Nathalie. «  Madame Stevens ! J’ai failli oublier ! Hier, en fin de journée, Maître…Cardwells a laissé un message. Elle dit être prête et que vous pouvez l’appelée à tout moment, aujourd’hui. Je suis désolée de vous avertir si tard…j’aurai peut-être du vous prévenir de suite ? » Nathalie resta silencieuse un moment puis se ressaisit assez vite. « Non, ce n’est pas grave. Vous pouvez prendre votre après-midi. Mais veillez à ce que le répondeur indique bien mon numéro de portable. Pas comme la dernière fois ?! »
- J’ai encore un coup de fil à donner. Vous permettez ? Lança-t-elle à l’intention de son époux et sans attendre elle forma le numéro de sa sœur.
- Célia ? Nathalie. Nous pouvons nous parler mais vite. Je suis assez pressée.
- Oui. Ok. Quand peut-on se voir ? Si tu en éprouve toujours le besoin…
- Oui. Mais cette fois ce sera en famille ! Enfin…les adultes.
- Ok. Ce soir ?
- Non. Demain soir. Nathalie était d’une froideur qui, étonna tout le monde, car tous avaient entendu la conversation. Nathalie ne s’était pas cachée pour téléphoner. Elle n’avait tout simplement pas réfléchi.
- bien.
Nathalie raccrocha sans même lui dire un mot gentil ou un au revoir poli. Célia en fut étonnée et raccrocha pensive.
- Je suis désolée. J’ai pris mes dispositions sans vous en parler. Je vous ai impliqué aussi mais je pense très sincèrement que…qu’il est temps qu’elle comprenne que je ne suis pas seule. Vous aussi, vous êtes là. Vous vous inquiétez des répercussions de son retour sur votre petite-fille…de vos petites-filles ! Demain soir…cela vous conviens ?
- C’est-ce que j’attendais, ma chérie. C’est pour ça que nous ne sommes pas venus au pique-nique. Les grands-parents de Séverine étaient soulagés et cela se voyait. Ils rejoignirent la petite fille dans la cuisine. Elle faisait tournoyer sa robe et se plaisait à faire quelques pas de danse. Les adultes sourirent en voyant le charmant spectacle. Elle aime cette robe et adorait se regarder avec ce vêtement qu’elle préférait entre tous.
- Et bien ! Tu n’es pas pressée de sortir, toi ! Lui dit son grand-père en souriant dans sa moustache imposante.
- Mais ! Je vous attends ! C’est vous qui n’êtes pas pressés ! Répondit la fillette sur un ton chagriné.
- Mouais…t’as raison.
- Grand-père ?
- Moui ?
- Je peux te dire une petite chose ? Ce n’est pas grave à ton âge.
- on ne dit pas « Mouais » ou  « moui ». On dit « oui » tout simplement. T’es pas vexé, hein ?
- Non, non ma chérie. Mais je peux, à mon tour te préciser une petite chose qui n’est vraiment pas grave à ton âge ?
- heu…oui.
- on ne dit pas « t’as » mais « tu as ». Ainsi que, on ne dit pas « t’es pas » mais « tu n’es pas » ! Tu n’es pas vexée, n’est-ce pas ?
Tous éclatèrent de rire. Même la petite fille. Elle n’en revenait pas, son grand-père savait vraiment tout ! Incroyable ! Elle le regardait, admirative.
Monsieur Stevens décida que c’était le bon moment  pour offrir le restaurant, ce à quoi sa femme rétorqua que c’était toujours le bon moment pour éviter la bonne cuisine familiale. L’air dépiter et ne sachant comment réparer sa maladresse, il bredouilla quelques mots incompréhensibles. Son fils ayant pitié de lui, dit à sa mère que l’invitation était une excellente idée mais pas trop tard pour que sa petite fille puisse en profiter. Il ajouta « dans des prix raisonnables »
- Il ne manquerait plus que ton père fasse des folies ! S’exclama la mère du jeune homme qui avait une aversion pour les dépenses excessives. Même si elle appréciait de ne pas faire le repas de temps en temps. Nathalie qui voulait calmer le jeu avant que cela ne s’envenime proposa un pique-nique pour le lendemain, si le temps le permettait. Madame Stevens approuva le projet tout en lançant un regard noir à son mari qui devint rouge de colère. Sa femme compris qu’elle avait exagéré et essaya de se racheter. « Nous pourrions aller dans ce restaurant qui avait bien plut à ton père la dernière fois ? Il me semble que nous nous étions bien amuser, non ? » Dit-elle à son fils. Pierre approuva et demanda l’avis de son père.
- Si ça peut aider madame à se sentir mieux, pourquoi pas ! Dit le vieil homme, rouge de couleur.
- Papa, nous irons si tu change de couleur ! Déclara Pierre en riant.
- Mouais ! Répondit le grand-père. Qui  fit réagir Séverine. « Papy ! » et le vieil homme leva les mains en signe de culpabilité.  « C’est de sa faute ! Quand elle m’énerve, je ne me surveille plus et je ne parle plus en te donnant le bon exemple. Si tu veux gronder quelqu’un, c’est elle qu’il faut gronder ! » La petite fille se retourna vers sa grand-mère et lui lança un regard furieux.
- Maintenant ça suffit tout les deux ! Ou je me fâche tout rouge, comme papy !
Ce qui devait arriver, arriva, la grand-mère fut verte de rage !


Publié dans Un roman Peut-être

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Commenter cet article
T
<br /> <br /> C'est si bien imagé et détaillé que l'on pense que ce récit est une histoire autobiographique <br /> <br /> <br /> Peut-être pas!!! , dans ce cas là, ce sont alors tes qualités d'écrivains qui donnent cette réalités à tes écrits<br /> <br /> <br /> Bonne et douce fin de soirée<br /> <br /> <br /> Bisous<br /> <br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> Merci timilo...tu m'as touché en plein coeur c'est une pure fiction<br /> <br /> <br /> Merci et bonne soirée à toi<br /> <br /> <br /> Amitiés<br /> <br /> <br /> Cycé<br /> <br /> <br /> <br />